Le revirement de Simone Ehivet Gbagbo

La validation de la candidature de Madame Simone Ehivet Gbagbo par le Conseil constitutionnel pour l’élection présidentielle du 25 octobre 2025 a suscité, de sa part, une réaction empreinte d’émotion et de gratitude. L’ancienne Première Dame a exprimé sa « très grande émotion », sa « joie » et rendu grâce à Dieu, avant de louer le sérieux de l’institution qu’elle estime avoir accompli un « bon travail ».
Ce discours, bien qu’empreint de solennité, appelle cependant à une analyse critique. Il convient de rappeler que, dans un passé récent, Madame Gbagbo fut l’une des voix les plus vigoureuses dans la dénonciation des irrégularités de la liste électorale. Elle en soulignait les failles, y voyant un obstacle majeur à la transparence du processus démocratique. Or, voilà qu’aujourd’hui, sans qu’aucune révision substantielle n’ait été portée à la connaissance du peuple, elle accepte de se présenter à l’élection sur la base de ce même fichier qu’elle rejetait avec force. Dès lors, une question essentielle s’impose : avec quelle liste électorale ambitionne-t-elle de conquérir la magistrature suprême ? Celle qu’elle décrivait naguère comme corrompue ou une autre, révisée en secret, à l’insu de la nation ?
Par ailleurs, il n’est pas inutile de rappeler que Madame Gbagbo s’était dressée avec vigueur contre la légitimation du quatrième mandat d’Alassane Ouattara, qu’elle considérait comme une entorse grave aux principes constitutionnels. Ce combat, qui semblait pour elle une exigence morale et politique, a subitement disparu de son champ d’argumentation. Pis, l’institution qu’elle glorifie aujourd’hui est précisément celle qui valida ce quatrième mandat contesté et qui, dans le même temps, a écarté des candidatures de poids, telles celles de Laurent Gbagbo et de Tidjane Thiam. Peut-on décemment parler de « bon travail » lorsque la compétition électorale se voit amputée de figures majeures de la scène politique nationale ?
À l’examen, ce revirement donne l’impression d’un repositionnement dicté moins par l’intérêt général que par une logique personnelle. La Côte d’Ivoire n’est point un théâtre conjugal où les frustrations privées se transposent en affrontements politiques. Elle mérite un projet collectif cohérent, constant et délié des calculs individuels.
Ainsi, l’histoire retiendra que Simone Ehivet Gbagbo, jadis ardente dénonciatrice des irrégularités et des dérives institutionnelles, a fait montre d’une étonnante indulgence dès lors que son propre dossier fut agréé. La contradiction est flagrante. La question demeure : s’agit-il réellement d’un combat pour l’alternance démocratique et la consolidation de l’État de droit, ou bien d’une quête de victoire personnelle, fût-ce au prix des principes autrefois défendus ?
Une démocratie encore fragile, marquée par le souvenir des crises passées, ne peut se permettre de s’ériger sur de tels volte-face. Elle requiert constance, probité et fidélité aux valeurs proclamées.
Delph Bah, Analyste politique & Éveilleur des consciences
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