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ENQUÊTE EXPRESS – Côte d’Ivoire : que faut-il pour des élections apaisées ?

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Alors que la Côte d’Ivoire s’apprête à entrer dans une nouvelle phase électorale, les souvenirs douloureux des scrutins passés restent présents dans les esprits. Des affrontements de 2010 aux tensions de 2020, les citoyens attendent des engagements concrets pour éviter que l’histoire ne se répète.
Afin de comprendre les attentes de la population, nous avons recueilli les propos de plusieurs Ivoiriens issus de divers horizons à travers trois questions essentielles :

1. Que devrait faire le parti au pouvoir pour garantir un climat électoral apaisé ?

2. Quelle est la part de responsabilité de l’opposition dans cette quête de paix ?

3. Les leaders politiques sont-ils réellement prêts à mettre l’intérêt national au-dessus de leurs intérêts personnels ?


Pouvoir en place : entre attentes de réformes et exigence de neutralité


Première préoccupation majeure des citoyens : le rôle du parti au pouvoir dans la préservation de la paix. Sur ce point, les avis sont unanimes.
Pour Mariam, enseignante à Abobo, « la paix vient avec le respect des lois et la reconnaissance des erreurs du passé ». Elle plaide pour « une CEI neutre et un processus électoral sécurisé, sans intimidation ». Dans la même veine, elle estime indispensable de mettre en place « une commission de vérité et réconciliation crédible » pour restaurer la confiance.

Un avis partagé par Kader, étudiant en droit, qui appelle à « réformer le code électoral à travers des consultations inclusives » et à « cesser la manipulation des identités ethniques pour des intérêts politiques ».

Sur le terrain économique et social, Monique, commerçante internationale, exprime un ras-le-bol : « Moins de promesses, plus d’actions concrètes. Qu’ils viennent écouter nos souffrances plutôt que de parler dans les médias ». Son message est clair : la paix ne se décrète pas depuis les bureaux climatisés, elle se construit au contact des réalités.

M. Yeo Ghislain, commercial à Adjamé, aborde la question sous un angle éthique et citoyen : « Garantir la paix n’est pas une faveur, c’est une obligation morale pour toute personne qui aspire à diriger ». Il souligne ainsi l’importance de la responsabilité morale des élites politiques dans le maintien de la cohésion sociale.

L’opposition aussi interpellée : exemplarité et discours responsables attendus


Mais les regards ne se tournent pas uniquement vers le pouvoir. Les citoyens attendent aussi une posture plus constructive de la part de l’opposition.
Mariam l’affirme sans détour : « L’opposition doit éviter de jeter de l’huile sur le feu par des propos alarmistes. Elle doit mobiliser par les idées, pas par la peur ».

Un appel à la responsabilité que Kader reprend à son compte : « Il faut s’impliquer sans boycott, proposer des alternatives plutôt que rejeter systématiquement. La paix se construit dans l’écoute et non dans la confrontation ».

Monique, quant à elle, met l’accent sur l’attitude : « Pas de violence, pas d’intimidation, juste du travail pour convaincre. C’est ainsi qu’on gagne la confiance du peuple ».

En somme, la légitimité de l’opposition dépendra de sa capacité à être exemplaire, non seulement dans les discours mais aussi dans les actes.

Intérêt général vs intérêts personnels : une confiance encore fragile


La dernière question, plus sensible, révèle un certain désenchantement de la population : les leaders politiques sont-ils prêts à faire passer l’intérêt national avant leurs ambitions personnelles ?

Kader est sceptique : « Ils le disent souvent, mais leurs actes prouvent le contraire. Le patriotisme ne se décrète pas, il se démontre ».
Monique ne mâche pas ses mots non plus : « Les intérêts personnels priment toujours. Seule la pression populaire peut les faire bouger ».

Même Mariam, pourtant nuancée jusque-là, estime que « certains leaders sont prêts à changer, mais la majorité reste guidée par la soif de pouvoir ». Pour elle, c’est aux citoyens, notamment à la jeunesse, de jouer le rôle de gardien de la démocratie.

Enfin, M. Ndoua Jonas, fonctionnaire à la retraite, ramène le débat à l’essentiel : la paix. Dans un témoignage empreint de vécu, il lance un cri du cœur : « Les élections ont coûté des vies. Cela suffit. J’en appelle au Président Ouattara : qu’il accepte un vrai dialogue avec ses jeunes frères pour éviter un nouveau drame ».

Entre espoir et exigence


Loin des joutes verbales partisanes, les citoyens expriment avec clarté leurs attentes : des institutions crédibles, des actes responsables, et une volonté réelle de préserver l’intérêt général.
Le message est limpide : si les acteurs politiques continuent à jouer la carte du cynisme ou du calcul, c’est la société elle-même qui pourrait s’élever pour exiger le changement.
Car en Côte d’Ivoire, plus personne ne veut revivre les douleurs du passé. Et cette fois-ci, la balle est dans le camp des leaders.


La Rédaction

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