Ce 16 juillet, la classe politique ivoirienne a donné à voir un spectacle déroutant, révélateur d’un profond malaise au sein de l’opposition. D’un côté, le PDCI et le PPA-CI officialisent le Front commun. De l’autre, le COJEP de Blé Goudé et le MGC de Simone Gbagbo, également membres de la CAP-CI, reçoivent le RHDP… au nom de cette même coalition, sans que le PDCI, le FPI ou d’autres partis membres n’y soient associés.

Il faut appeler les choses par leur nom : il s’agit moins d’un acte politique concerté que d’un règlement de comptes déguisé.

Blé Goudé l’a d’ailleurs laissé entendre : il n’aurait pas été informé du rapprochement entre le PDCI et le PPA-CI. La rencontre avec le RHDP semble donc être une réponse implicite à ce qu’il perçoit comme une mise à l’écart. En d’autres termes : « vous êtes allés au Front commun sans nous, alors nous dialoguons sans vous. »

Mais si la CAP-CI devient un espace où chaque frustration donne lieu à une initiative solitaire, cette plateforme est vouée à l’implosion. Comment prétendre incarner une alternative crédible, quand les membres d’un même bloc agissent de manière unilatérale, sans dialogue, sans cohérence, sans respect des principes de base d’une coalition politique ?

L’opposition ne gagnera jamais le cœur des Ivoiriens avec des jeux d’ego et des calculs à courte vue. La division fait le jeu du pouvoir. Et si le PDCI et le FPI continuent à se prêter à ce simulacre d’unité, ils finiront eux aussi par perdre en crédibilité.

Le moment est venu pour chaque parti de clarifier sa ligne. Soit la CAP-CI se réforme et adopte un fonctionnement clair, collégial et structuré. Soit il faut en tirer les conséquences et laisser ceux qui veulent jouer en solo poursuivre leur théâtre politique en toute liberté.

Les enjeux de 2025 méritent mieux que des alliances sans tête ni queue.

Delph Bah, Analyste politique & Éveilleur des consciences

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