MICRO-TROTTOIR DU MERCREDI / Scandales sexuels à répétition : pourquoi cette banalisation sur les réseaux sociaux ?

Ces dernières années, les scandales sexuels se multiplient et envahissent les plateformes numériques. Après l’affaire « Balthazar » en Guinée équatoriale, c’est au tour de la Côte d’Ivoire d’être secouée par une nouvelle polémique surnommée « le Balthazar de Port-Bouët ». Ces vidéos à caractère intime, souvent filmées à l’insu ou avec la complicité des protagonistes, deviennent virales en quelques heures, suscitant tour à tour indignation, moquerie ou voyeurisme.
Nous avons tendu notre micro aux populations pour recueillir leurs avis sur la question suivante :
Que pensez-vous de la multiplication des scandales sexuels et de leur diffusion massive sur les réseaux sociaux ?
Mlle Ella Diet, 21 ans, stagiaire dans une radio de proximité
Je pense que certains couples se filment pendant leurs rapports sexuels pour garder des souvenirs, afin de pouvoir revoir plus tard comment cela s’est passé. Mais il faut être prudent et bien choisir avec qui le faire, et surtout obtenir l’accord de l’autre personne. Car s’il y a une fuite, les blogueurs en quête de likes et d’abonnements s’en empareront immédiatement pour en faire leur affaire.
M. Souleymane K., 51 ans, entrepreneur à Mbebresso
La police de la pudeur doit faire son travail. Ces scandales sexuels ne datent pas d’aujourd’hui : on se souvient de la secrétaire et son patron au Plateau, du professeur avec son élève… Les exemples sont nombreux. À l’époque, ces cas étaient diffusés via des supports numériques comme les CD. Les réseaux sociaux n’étaient pas encore accessibles à tous, certains même n’existaient pas. Il est impératif que la police de la pudeur réprime les auteurs ainsi que ceux qui publient ces actes ignobles.
Mlle Kouman Véronique, 24 ans, commerçante
Pour le cas typique de Port-Bouët, si cela est avéré, le mysticisme y est certainement pour quelque chose. On n’a pas vu cette personne avec des femmes, mais plutôt avec de jeunes garçons. Ce n’est pas simple. Et franchement, si l’on doit se filmer en plein acte sexuel dans une maison censée offrir une intimité, pour ensuite publier la vidéo sur les réseaux sociaux, autant le faire directement dehors. À mon avis, ce n’est vraiment pas humain.
Serges Kouadio, 37 ans, informaticien
Il faut être extrêmement vigilant lorsqu’on utilise Internet. Une fois connecté, on peut diffuser malgré soi un document compromettant. Si la personne cherche à devenir acteur porno, cela ne lui posera pas de souci. Mais pour quelqu’un qui se retrouve dans un scandale sans l’avoir voulu, les conséquences peuvent être graves. Dans le cas de la fameuse secrétaire, certains ont même évoqué un suicide. Quant à Balthazar, il ne pourra plus bénéficier du respect qu’on lui témoignait lorsqu’il occupait son poste.
Awa Tiendriego, 54 ans, balayeuse, mère de 6 enfants
C’est une bien mauvaise et vilaine chose. Je pense que ces personnes filment ou acceptent de filmer leurs ébats sexuels par pur fantasme ou pour avoir beaucoup de vues sur la toile, moyennant de grosses sommes d’argent. Toutefois, une étude sociologique doit être menée sur ce phénomène afin de déceler les motivations profondes. D’une part, les réseaux sociaux contribuent à cette forme d'exhibition, en ce sens qu’avant leur avènement, la dépravation des mœurs n’avait pas atteint ce niveau. Mais c’est aussi, comme vous l’avez dit, un miroir de notre société actuelle où l’anormalité devient la norme. Bien sûr que ça choque, même vu des millions de fois. En plus d’être exposées à des problèmes mentaux, ces personnes seront rejetées par la communauté, comme l’ont été récemment les woubis, ces hommes qui se faisaient passer pour des femmes. Car, en Afrique, les valeurs morales n’approuvent pas ce genre de pratiques déviationnistes. Mais au-delà de tout, cette pratique soulève la question de la moralisation de notre société.
Les réactions recueillies révèlent un profond malaise face à la banalisation des scandales sexuels sur les réseaux sociaux. Entre incompréhension, choc moral et appel à la responsabilité individuelle et collective, la société ivoirienne semble partagée entre modernité numérique et valeurs traditionnelles. Ce phénomène, perçu comme un symptôme d’une crise plus large des repères sociaux, interpelle autant les citoyens que les autorités sur la nécessité urgente d’une éducation au numérique et d’une remoralisation des comportements.
La Rédaction
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