Côte d'Ivoire/ Authentique ou manipulatrice: La lettre qui interroge la stratégie du PPA CI pour la Présidentielle 2025

Une lettre circulant sur les réseaux sociaux, et attribuée à l’ingénieur et homme politique Ahoua Don Mello, suscite depuis quelques heures un vif intérêt dans les cercles d’analyse politique. Adressée à l’ancien Président Laurent Gbagbo, cette correspondance propose une démarche stratégique inédite à l’approche de l’élection présidentielle d’octobre 2025 : présenter, en plus de la candidature de Gbagbo, deux ou trois candidatures alternatives issues du PPACI, en guise de précaution contre une éventuelle disqualification.
Avant même de s’attarder sur le contenu de cette lettre, il convient de s’interroger sur plusieurs aspects fondamentaux. D’abord, son authenticité n’a à ce jour fait l’objet d’aucune confirmation officielle, ni de la part de l’auteur supposé, ni du destinataire. Ce silence, loin d’être anodin, entretient un certain flou, laissant libre cours aux interprétations. Ensuite, le canal de diffusion essentiellement informel et numérique interroge sur l’intention véritable d’un tel message : s’agit-il d’un document volontairement rendu public pour orienter l’opinion ? D’une fuite orchestrée ? Ou d’une manipulation pure et simple ?
Cela étant dit, si cette lettre est bel et bien authentique, elle témoigne d’un tournant dans la pensée stratégique d’une partie de l’opposition ivoirienne. En rompant avec la logique du boycott ou de la contestation frontale, l’auteur plaide pour une présence constante, coûte que coûte, dans l’arène électorale. L’enjeu, selon lui, serait d’éviter au PPACI de revivre le scénario de 2020 : une absence politique, institutionnelle et symbolique, aux conséquences lourdes.
Une telle proposition, bien qu’audacieuse, peut également être perçue comme une tentative d’influencer ou de préparer l’opinion à un éventuel glissement du leadership ou à une transition douce et maîtrisée. En d’autres termes, il s’agirait non pas d’écarter Laurent Gbagbo, mais de préserver l’espace politique du parti, même en cas d’empêchement imprévu.
Dans un contexte où les institutions apparaissent verrouillées, où l’usage du droit semble souvent subordonné à des impératifs politiques, l’idée d’un plan B peut apparaître comme un réflexe de survie plus que comme une trahison idéologique. Mais cela suppose aussi une certaine discipline interne, une adhésion collective à une stratégie réaliste, et une capacité à prioriser la sauvegarde du combat politique sur les intérêts personnels.
Au final, que cette lettre soit authentique ou non, elle soulève des problématiques de fond :
L’opposition est-elle aujourd’hui en mesure de s’adapter aux contraintes du moment sans renier son idéal ?
Peut-elle conjuguer fermeté doctrinale et souplesse tactique ?
Et surtout, saura-t-elle éviter que ses divisions internes ne deviennent les meilleures alliées du statu quo ?
Ce sont là des interrogations légitimes qui méritent d’être posées, car en politique, ce n’est pas toujours ce qui est dit qui importe le plus, mais ce que cela révèle sur l’état des forces en présence.

Delph Bah, Analyste politique & Éveilleur des consciences
Titre de Inforelayeur
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