À quatre mois de l’élection présidentielle prévue le 25 octobre 2025, la Côte d’Ivoire vibre au rythme des démonstrations de force politique. Le deuxième congrès du RHDP au stade d’Ebimpé, la marche populaire du PDCI-RDA à Abidjan, ou encore la cérémonie festive du PPA-CI dans la brousse de Dabou témoignent tous d’une ambition commune : prouver sa capacité à rassembler.

Mais derrière chaque foule en liesse, une interrogation demeure : qu’est-ce qui motive réellement les participants à se déplacer ? Est-ce l’adhésion sincère à une vision politique ? Ou bien les partis s’appuient-ils surtout sur des moyens logistiques, matériels, financiers, voire émotionnels, pour galvaniser la présence populaire ?
Nous avons tendu notre micro à la population pour mieux comprendre ce qui se cache derrière la façade des grandes mobilisations.

« Le RHDP impressionne, même si ce n’est pas que de la conviction »

Mariam, 28 ans, commerçante à Yopougon

En ce moment, c’est le RHDP qui mobilise le plus. Leur congrès au stade d’Ebimpé a montré leur force. J’ai déjà assisté à un de leurs meetings en 2020, par curiosité. Mon cousin était dans l’organisation. On nous a transportés, on a reçu des tee-shirts, parfois même une compensation pour le transport. Tout ça donne une image sérieuse du parti, même si certains viennent plus pour ce qu’ils reçoivent que pour le message politique.

« La fidélité idéologique reste importante »

Koffi Bernard, 55 ans, enseignant retraité

Le PDCI garde une vraie capacité de mobilisation, surtout dans les zones rurales. J’ai participé à plusieurs de leurs rassemblements. C’est un parti qui a marqué l’histoire du pays. Leur stratégie repose beaucoup sur les chefs traditionnels et les structures locales. Pour moi, les moyens logistiques sont accessoires. Je juge un parti à la profondeur de son discours et à sa cohérence historique.

« Le PPA-CI parle à notre génération »

Grâce, 24 ans, étudiante à l’université de Cocody

Je trouve que le PPA-CI attire de plus en plus de jeunes. J’ai assisté à leur événement à Dabou, c’était presque une fête. Il y avait des artistes, une bonne ambiance, et beaucoup de communication sur les réseaux sociaux. Ils utilisent bien les influenceurs, et ça marche. Ce genre de mobilisation paraît plus naturel, moins forcé que les rassemblements "sponsorisés".

« Derrière la foule, il faut chercher l’adhésion réelle »

Amidou, 41 ans, chauffeur de taxi

Le RHDP est plus visible parce qu’ils ont les moyens de l’État. J’ai participé à une de leurs marches. C’était bien organisé, avec transport et tout. Mais moi, je regarde au-delà. Est-ce que ce monde-là va vraiment voter ou c’est juste pour faire du nombre ? Ce n’est pas parce qu’un parti remplit un stade qu’il a la confiance du peuple.

« Ce n’est pas seulement une question d’argent »

Clarisse, 38 ans, fonctionnaire

Le PPA-CI me semble plus sincère dans sa manière de mobiliser. Je n’ai pas encore participé à un rassemblement, mais je suis ce qu’ils font sur les réseaux. Ils touchent quelque chose de plus émotionnel, avec des références à notre histoire, notre vécu collectif.

« La tradition et la loyauté comptent encore »

Yao Serge, 40 ans, planteur

Chez nous, le PDCI est toujours bien implanté. Je suis allé à leur dernière marche à Abidjan. Les délégués locaux ont bien préparé le déplacement. Pour moi, ce qui compte, c’est le respect de la tradition, la constance. Les partis qui oublient d’où ils viennent n’ont pas ma confiance. Peu importe le bruit qu’ils font.

Ce micro-trottoir donne un aperçu contrasté de la dynamique politique en Côte d’Ivoire. S’il est évident que les moyens matériels pèsent lourd dans l’équation, ils ne suffisent pas à gommer la question de la sincérité politique. Chez certains, la mémoire historique, l’émotion ou encore l’identité idéologique demeurent des facteurs déterminants.

En définitive, les foules se déplacent pour des raisons multiples, entre adhésion, intérêt et stratégie. Mais dans l’isoloir, seul le bulletin comptera, et il dira bien plus que les images des rassemblements.

La Rédaction

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