À quatre mois de l’élection présidentielle, la scène politique ivoirienne connaît un tournant majeur. Le Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI) de Laurent Gbagbo et le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA) dirigé par Cheick Tidjane Thiam ont signé ce jeudi 18 juin un accord politique scellant la création d’un front commun. L’objectif : peser de tout leur poids pour garantir une élection « crédible, transparente, inclusive et apaisée » en octobre prochain.

Réunis au cabinet de Laurent Gbagbo à Cocody-Attoban, les représentants des deux partis ont paraphé l’accord en présence de plusieurs figures politiques. Sébastien Dano Djédjé (PPA-CI) et Noël Akossi Bendjo (PDCI-RDA) ont signé l’acte constitutif, tandis que Tidjane Thiam est intervenu par visioconférence depuis l’Europe.

Un pacte pour la démocratie

Dans leur déclaration commune, les deux formations dénoncent l’exclusion de plusieurs personnalités de la liste électorale, dont Gbagbo, Thiam, Guillaume Soro, Charles Blé Goudé et Akossi Bendjo. Ils exigent leur réintégration, ainsi qu’un audit indépendant de la liste électorale et une réforme en profondeur de la Commission électorale indépendante (CEI).

Si on ne laisse pas la capacité aux autres de se battre pour être aussi au pouvoir, ce n’est plus la démocratie.

a martelé Laurent Gbagbo, réaffirmant son opposition à un éventuel quatrième mandat du président sortant.

Une alliance stratégique

Ce rapprochement entre les deux principales forces de l'opposition vise à mutualiser les efforts pour faire pression sur le gouvernement.

Un comité paritaire sera mis en place pour coordonner les actions futures du front commun, notamment en matière de mobilisation citoyenne et de dialogue politique.

Tidjane Thiam, saluant cette initiative, a souligné que « le PPA-CI et le PDCI sont deux forces incontournables sur la scène politique de notre pays » et que cette alliance vise à « donner au pays une élection apaisée ».

Vers une recomposition du paysage politique

Au-delà des revendications électorales, ce front commun marque une recomposition stratégique du paysage politique ivoirien. Il s’inscrit dans la continuité des tentatives de rapprochement amorcées dès 2018 entre Gbagbo et feu Henri Konan Bédié, alors président du PDCI.

Alors que la présidentielle approche, cette alliance pourrait bien rebattre les cartes et redéfinir les rapports de force. Reste à savoir si le gouvernement répondra à l’appel au dialogue lancé par cette nouvelle coalition.