Le Sénégal traverse une période d’incertitude financière alors que son programme d’aide avec le Fonds monétaire international (FMI) reste suspendu. En cause : un audit des finances publiques, qui doit clarifier des irrégularités découvertes dans les données transmises par l’ancienne administration.

Un programme gelé dans l’attente de transparence

Depuis juin 2023, le Sénégal bénéficiait d’un programme de prêt de 1,8 milliard de dollars, dont seulement 770,5 millions avaient été débloqués. L’arrivée du gouvernement Sonko a marqué un tournant, avec une volonté affichée d’auditer les finances publiques avant toute nouvelle négociation. L’audit mené par la Cour des comptes a révélé une dette bien plus élevée que les estimations précédentes, atteignant près de 100 % du PIB, contre les 74 % annoncés sous Macky Sall.

Face à ces révélations, le FMI a conditionné la reprise des financements à une clarification complète des comptes publics. L’institution internationale insiste sur la nécessité d’un assainissement budgétaire et d’une meilleure gestion des exonérations fiscales.

Une alternative régionale pour maintenir l’État à flot

En attendant une issue favorable avec le FMI, le gouvernement sénégalais explore d’autres pistes. Le Trésor a intensifié ses levées de fonds sur le marché régional de l’UMOA, mobilisant plusieurs centaines de milliards de francs CFA en quelques mois. Cette stratégie permet de garantir la continuité des dépenses publiques sans dépendre directement des institutions de Bretton Woods. Toutefois, elle entraîne un coût d’endettement plus élevé et une pression accrue sur le service de la dette.

Un enjeu de crédibilité et de gouvernance

Au-delà des chiffres, cette crise met en lumière un défi de gouvernance. Le nouveau régime, qui s’est engagé à rompre avec les pratiques opaques du passé, voit dans cette impasse une opportunité de refonder la gestion publique. La restauration de la confiance passe désormais par un audit rigoureux, une transparence accrue et des outils de suivi plus performants.

L’avenir des relations entre le Sénégal et le FMI dépendra de la capacité du pays à répondre aux exigences de l’institution. Une fois l’audit finalisé, les négociations pourraient reprendre, ouvrant la voie à un nouveau programme économique. En attendant, le Sénégal doit composer avec une équation budgétaire délicate, entre réformes internes et recherche de financements alternatifs.