À l’approche des élections présidentielles, la Côte d’Ivoire retrouve un phénomène bien connu, le retour des prophètes et leurs révélations sur l’avenir politique du pays. Cette année encore, la tradition semble se confirmer avec le retour sur le devant de la scène du prophète Eli Pada. Disparu des radars depuis près d’un an et huit mois, il a fait une réapparition remarquée en annonçant d’importants bouleversements politiques. Un phénomène qui rappelle l’année 2010, marquée par de nombreuses prophéties, certaines réalisées, d'autres non.
Dans ce contexte où la spiritualité s'entremêle à la politique, nous avons réalisé un micro-trottoir pour recueillir les réactions des citoyens sur ce sujet :  Peut-on encore accorder du crédit aux prophéties en période électorale ?

Eric Niamien, 48 ans, fils de Adjikoi, Adzopé:

" Je ne comprends pas pourquoi c’est à la veille des élections que ces gens-là font des révélations. Notre problème en ce moment, ce n’est pas révélation ; il s’agit de revoir cette liste électorale pour trouver un consensus. Comme cela, il n’y aura pas palabres. Sinon révélation de tel ou tel, je ne suis pas dedans. "

Amadou Ouattara, entrepreneur :

" Les prophéties en période électorale ne sont pas à prendre à la légère. Il y en a qui ne se réalisent pas, mais ce n’est pas pour autant qu’on ne doive pas être vigilant face aux révélations des prophètes. Les visions de Eli Pada sur les élections de notre pays doivent être suivies par les Ivoiriens. Cette histoire ne concerne pas seulement les chrétiens de notre pays. Prions tous afin de contrecarrer l’œuvre du diable sur notre pays. "

Illiass Kra, commerçant :

" Pourquoi c’est en période électorale, où les tensions montent, que des prophètes font des révélations négatives sur notre pays ? Tout ça pour faire peur aux Ivoiriens que nous sommes. Je pense que nous ne devons pas craindre tout ça. On doit au contraire s’unir pour combattre les faux prophètes. "

Esther Kouadio, 28 ans, coiffeuse :

" Moi je crois aux révélations. Dieu peut parler à ses serviteurs pour avertir son peuple. On ne doit pas tout rejeter parce que certains ont menti dans le passé. Eli Pada, c’est un vrai prophète, j’ai déjà vu certaines de ses paroles se réaliser. "

Fatoumata Koné, 26 ans, étudiante :

" Ces prophéties ne font que semer la panique. À chaque fois qu’on s’approche d’une élection, ils(les prophètes) réapparaissent. Ce n’est pas Dieu qui parle, c’est la politique déguisée. Moi je crois en Dieu, mais pas à ceux qui parlent en son nom pour diviser. "

Bakary Sanogo, 43 ans, transporteur :

" Si les prophètes veulent vraiment aider le pays, qu’ils appellent à l’unité et à la paix. Pas à la peur. C’est trop facile de dire "Dieu m’a dit" quand ça chauffe. "

Pasteur Koffi Ignace, 54 ans, évangéliste à N’dotré:

" Ceux qui ont l’Esprit sauront faire la différence entre le vrai et le faux. Dieu parle à travers ses prophètes pour prévenir les nations. Refuser d’écouter, c’est comme refuser une alerte d’incendie. La Côte d’Ivoire doit prêter attention. "

Yao Ferdinand, 41 ans, instituteur :

" Certaines prophéties se sont réalisées en 2010, c’est vrai. Mais il faut faire attention. Ne courons pas derrière des paroles qui peuvent semer le désordre. "

Désiré Tahi, 49 ans, entrepreneur :

" Il faut que l’État encadre les interventions religieuses, surtout en période électorale. Ce n’est pas normal que chacun dise ce qu’il veut sans se soucier des conséquences. "

Paul Dembélé, 37ans, électricien et fidèle évangélique :

" La Bible dit que Dieu ne fait rien sans le révéler à ses prophètes. Il faut être dans la prière pour discerner ce qui est vrai. Si un homme de Dieu parle, ce n’est pas à négliger. Dieu avertit toujours avant un grand événement. "

Entre foi sincère, rejet catégorique et prudence citoyenne, les Ivoiriens sont divisés. Mais tous s’accordent sur une chose, la paix doit primer. Dans un contexte où chaque mot peut attiser ou calmer les tensions, l’appel général reste à la vigilance et au discernement.


La Rédaction