Côte d'Ivoire-Micro-trottoir du mercredi/ Ponction sur les salaires, menace de boycott des examens à grand tirage

Après une semaine de grève du 3 au 10 avril dernier pour réclamer le paiement d'une prime d’incitation, les enseignants de Côte d’Ivoire avaient suspendu leur mouvement suite à des discussions avec la ministre de l’Éducation nationale et de l’Alphabétisation, Mariétou Koné. La paix semblait de retour. Mais coup de théâtre, des enseignants ont constaté une ponction sur leur salaire du mois d’avril, assimilée à une sanction pour les jours de grève. Ce geste, perçu comme une trahison, a ravivé les tensions. Certains parlent même de reprendre la grève, voire de boycotter les examens à venir.
Face à cette situation, nous avons promené notre micro afin de recueillir les avis des enseignants, des élèves, des parents et des éducateurs sur les conséquences potentielles de ce bras de fer persistant.
Des parents d’élèves sous pression : entre inquiétude et appel au dialogue
Koné Alassane, 54 ans, parent d’élève :
" Je pense que le bras de fer est très dangereux parce que ça va mettre les enfants en retard et peut même causer une année blanche. Les enseignants doivent penser à la population et aussi à leurs propres enfants qui sont aussi scolarisés. Ils doivent trouver un point de négociation, mais pas la grève. "
Kouyaté Fanta épouse Fofana, 39 ans, parent d’élève :
" Leur bras de fer peut impacter négativement nos enfants. Vraiment, qu’ils prennent pitié de nous, parents d’élèves. Voici les examens qui approchent. En tout cas, le moment est mal choisi. Que la Ministre de l’Éducation fasse quelque chose. "
Kouakou Hermann, parent d’élève, commerçant :
" Cette histoire de bras de fer entre les enseignants et l’État ne fait que désavantager tout le monde, surtout les élèves en classe d’examen. Il y a les cours de préparation aux examens qui se font à un mois des épreuves. Si ce conflit continue, est-ce qu’il aura lieu ? Pire même, est-ce que les examens auront lieu ? "
Brou Clarisse, ménagère, parent d’élève :
" Je demande pardon aux enseignants et à l’État. Nous, les parents, avons déjà du mal à scolariser nos enfants, et cette affaire va encore nous mélanger. Nos enfants doivent apprendre et passer leurs examens dans de bonnes conditions. "
Pacôme Assemian, parent d’élève :
« Ce bras de fer est inquiétant. Mon fils est en classe d’examen et il a déjà perdu plusieurs jours de cours pendant la grève. Si les enseignants boycottent la surveillance ou la correction, c’est l’année de milliers d’enfants qui sera compromise. »
Les élèves entre frustration et incertitude
Kouassi Koumé Frédérik, 18 ans, élève en classe de terminale :
" Nous, en tant qu’élèves, voulons que cette grève cesse. Nous voulons passer nos examens dans la paix pour rendre nos parents fiers de nous. "
Ange Lediehi, élève en terminale :
" On est stressé. On ne sait même pas si les profs vont venir demain ou pas. On fait des révisions dans le flou total. Certains enseignants nous disent qu’ils ne se laisseront plus faire, d'autres n’osent même plus parler. Si ça continue, les examens risquent d’être mal organisés. "
Des enseignants en colère, mais soucieux de leurs élèves
M. Kouassi, 47 ans, professeur de mathématiques, résident à Sinématiali :
" Cette ponction est une trahison après nos accords avec la ministre. Nous avons levé la grève de bonne foi et voilà comment on nous remercie. Si le gouvernement persiste, nous reprendrons la grève, même pendant les examens. Notre dignité n’est pas négociable. "
Mme Bamba, 32 ans, institutrice :
" Avec trois enfants à charge, cette ponction me met en difficulté. Je reste déterminée car cette prime est essentielle. Si le conflit continue, les programmes ne seront pas terminés et les examens en souffriront. "
M. Diallo, 55 ans, professeur de français au lycée municipal de Sinématiali :
" Nous avions suspendu la grève pour les élèves. Cette ponction est une provocation. Nous envisageons un boycott de la surveillance des examens. La responsabilité incombera au gouvernement. "
Mme Aké, 41 ans, enseignante non-gréviste, résidente à Pégnankaha :
" Même sans avoir fait grève, je trouve ces sanctions injustes. Ce climat tendu affectera la qualité des examens. Une médiation urgente est nécessaire pour éviter la crise."
Ouattara Brahima, enseignant :
" Nos conditions de travail demandent beaucoup d’efforts et de sacrifices. Nous ne sommes pas appréciés à notre juste valeur. Ce n’était pas notre souhait d’en arriver là, mais maintenant que c’est fait, cherchons à trouver un terrain d’entente. Nos élèves sont les vraies victimes. "
À moins d’un mois des examens à grand tirage, le système éducatif ivoirien est à un tournant critique. Le dialogue semble être l’unique voie pour éviter une crise majeure. Gouvernement, syndicats d’enseignants, parents et éducateurs doivent agir avec responsabilité pour préserver l’avenir des enfants, qui n’ont déjà que trop subi les conséquences de cette impasse.
De: Barry, Sara, Landry, Mariam, Saturnin, Audrey
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