Côte d'ivoire/ COJEP: « Une élection qui exclut est une élection qui divise, et (...) menace la paix » (Me Ouraga)

La publication de la liste électorale provisoire par la Commission Électorale Indépendante (CEI), en prélude à l’élection présidentielle d’octobre 2025, continue de susciter de vives polémiques. Charles Blé Goudé, ex ministre de la jeunesse de l'ex président Laurent Gbagbo, ne figurant pas sur cette liste, son parti Le Congrès Panafricain pour la Justice et l’Égalité des Peuples (COJEP) monte au créneau pour dénoncer ce qu’il qualifie de « tentative manifeste d’exclusion » de son président Charles Blé Goudé du processus électoral.
Lors d’une conférence de presse tenue le mardidi 18 mars 2025, Maître Serge Ouraga, porte-parole du COJEP, a exprimé l’indignation du parti après la découverte de l’absence du nom de Charles Blé Goudé sur la liste électorale, bien qu’il ait été régulièrement enrôlé le 12 novembre 2024 à Guibéroua.
Des irrégularités flagrantes relevées sur la liste
Selon le comité électoral du COJEP, l’analyse de la liste électorale provisoire a mis en lumière de nombreuses irrégularités : lieux de vote différents des centres d’enrôlement, présence de personnes décédées inscrites dans des zones où elles n’ont jamais résidé, individus non enrôlés apparaissant sur la liste, et à l’inverse, des personnes régulièrement enrôlées qui y sont absentes. Le cas le plus symbolique étant celui de leur leader, Charles Blé Goudé.
Un fondement juridique controversé
La CEI, selon certaines déclarations antérieures, justifierait cette radiation par la privation des droits civiques et politiques de M. Blé Goudé, à la suite de sa condamnation à 20 ans d’emprisonnement par la justice ivoirienne en 2019. Le COJEP, pour sa part, rejette fermement cette justification, arguant qu’elle viole un principe fondamental de droit : nul ne peut être poursuivi ou puni deux fois pour les mêmes faits.
« Après son acquittement par la Cour pénale internationale (CPI) pour les faits liés à la crise post-électorale de 2011, le jugement rendu en Côte d’Ivoire est une véritable entorse à la justice », a déclaré Maître Ouraga. Il dénonce un « double jugement » orchestré par les autorités, malgré l'acquittement international du président du COJEP.

Une condamnation par contumace controversée
Le parti conteste également la forme du procès en Côte d’Ivoire, dénonçant une condamnation par contumace alors que Charles Blé Goudé se trouvait à la Haye pour son procès à la CPI, à la demande même des autorités ivoiriennes. Le COJEP accuse la justice ivoirienne d’avoir mis en scène un « montage judiciaire grotesque », basé sur une prétendue impossibilité de notifier l'accusé, alors que sa localisation était publique et connue de tous.
Un procès politique, selon le COJEP
Pour le COJEP, il ne s’agit pas simplement d’un contentieux juridique, mais d’une « stratégie délibérée d’écarter un adversaire politique de poids » de la course présidentielle. « La justice est devenue un outil de persécution politique », estime le parti, qui redoute les conséquences d’un processus électoral biaisé.
« Une élection qui exclut est une élection qui divise, et une élection qui divise menace la paix », a martelé Maître Ouraga, appelant à la responsabilité des autorités ivoiriennes pour préserver la stabilité nationale.
Un appel à la mobilisation nationale et internationale
Le COJEP interpelle la communauté internationale, les organisations de la société civile, les forces politiques, ainsi que les leaders religieux et traditionnels, afin qu’ils s’investissent pour garantir un processus électoral inclusif et transparent. Il exhorte également le gouvernement à mettre en œuvre les recommandations issues de l’Examen Périodique Universel de novembre 2024 du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU.
Enfin, le parti annonce avoir mandaté Maître Ouraga pour engager tous les recours légaux afin de rétablir Charles Blé Goudé dans ses droits et garantir sa participation effective à l’élection présidentielle de 2025.
« Ce n’est pas seulement une candidature qu’on empêche, c’est le droit du peuple à choisir librement ses dirigeants qui est en jeu », conclut le communiqué du COJEP, qui appelle tous les Ivoiriens à se mobiliser pour la défense de la démocratie.
Saturnin O.
0 Commentaire(s)
Aucun commentaire pour le moment.