ECONOMIE

Afrique/ Pêche illicite : La CEDEAO lance une offensive régionale contre un "terrorisme silencieux"

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Les pertes estimées entre 2,3 et 9,4 milliards de dollars par an poussent l'organisation ouest-africaine à élaborer un cadre de coopération inédit pour lutter contre ce fléau qui détruit ressources, emplois et sécurité alimentaire.

Du 18 au 21 mars 2025, Abidjan, la capitale économique ivoirienne, accueille un sommet crucial de la CEDEAO sur la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN). Cette rencontre initiée par le Département des Affaires politiques, Paix et Sécurité de l'organisation rassemble experts, représentants ministériels et partenaires internationaux pour établir une stratégie régionale coordonnée face à ce que certains qualifient de "terrorisme silencieux".

"La pêche INN détruit nos économies, notre environnement et l'espoir de notre jeunesse", a déclaré en ouverture le ministre ivoirien des Ressources animales et halieutiques, Sidi Tiémoko Touré, appelant à "harmoniser nos lois et créer un front dédié" avant fin 2025. La Côte d'Ivoire fait figure de pionnière avec son code maritime renforcé et ses formations opérationnelles, mais comme l'a souligné un délégué sierra-léonais, "sans coopération transfrontalière, ces efforts resteront vains".

Selon Africa Defense Forum, le coût annuel de ce pillage maritime pour la région atteindrait jusqu'à 9,4 milliards de dollars. Ces pratiques illégales, souvent facilitées par des réseaux corruptifs locaux, privent les États de revenus essentiels et affectent directement les 300 000 emplois dépendant du secteur. Plus alarmant encore, dans une région où le poisson représente 50% des apports en protéines animales, cette prédation aggrave l'insécurité alimentaire et pousse des milliers de jeunes vers l'immigration clandestine.

Les solutions débattues incluent le déploiement de technologies de surveillance avancées (drones, satellites), l'harmonisation des sanctions entre pays, et la création de patrouilles communes inspirées de l'opération "Akwaba" menée conjointement par la Côte d'Ivoire et la France en 2024. La CEDEAO mise également sur des centres régionaux comme celui de Cotonou pour mutualiser les données et renforcer la réponse collective à ce fléau dont 20% des captures illégales mondiales proviendraient des eaux ouest-africaines.

Le commissaire Abdel-Fataou Moussa a souligné que les experts examineront aussi les risques sanitaires liés à ces pratiques, souvent associées à des conditions non hygiéniques et à la contamination des stocks halieutiques.
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Mariam Soro

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