La Commune de Yopougon a vécu un événement marquant le mardi 4 mars 2025, avec la démolition du marché Siporex 7, sous haute surveillance des forces de l'ordre régulières et de la police municipale. Cette action a rapidement déclenché une marche de protestation menée par les commerçants affectés, inquiets de l’impact de cette destruction sur leurs activités.

Destruction du Marché Siporex 7

Aux alentours de 9h, les bulldozers et autres engins de démolition ont pris d'assaut le marché, réduisant en ruines les étals et magasins. Plusieurs commerçants, surpris par la rapidité et l’ampleur de l’opération, ont exprimé leur étonnement. "Le matin, quand nous sommes venus, nous avons vu les machines en train de tout casser. C'est ainsi qu'une de nos responsables nous a demandé de nous lever pour aller à la mairie", confie Dame Irié Léontine, une commerçante bouleversée.

Les femmes commerçantes, nombreuses sur le site, ont rapidement pris la rue pour manifester leur mécontentement. Elles ont interpellé le ministre gouverneur du District Autonome d'Abidjan avec des slogans tels que "Bacongo, on veut manger", dénonçant les difficultés économiques qu’elles subissent suite à cette opération et le manque de stabilité dans l’exercice de leurs commerces.

Dérèglement de la vie commerciale

La protestation n’a pas empêché la poursuite de la démolition, qui a été totale. Le marché Siporex 7, un site clé pour l’approvisionnement en vivres alimentaires, recevait quotidiennement plusieurs camions de marchandises en provenance de l'intérieur du pays. Cette destruction a jeté un froid sur la communauté commerciale locale.

Selon des témoignages recueillis sur place, les commerçants avaient été informés en amont qu'ils devaient quitter les lieux. Ce déguerpissement fait partie d’une opération plus large menée par la municipalité pour libérer les emprises publiques et dégager les zones autour des établissements scolaires et universitaires. Les autorités ont insisté sur l’importance de libérer l’espace situé le long de la clôture des Lycées professionnels et techniques de Yopougon, afin de garantir l’accès et la visibilité de ces institutions éducatives.

Relocalisation des commerçants : Des inquiétudes persistantes

L’un des points de friction majeur réside dans le manque d’informations sur la relocalisation des commerçants. Bien que certains aient été informés de leur transfert vers le marché du bétail (également appelé "au mouton") à Port-Bouët 2, d’autres, comme M. Kone, qui a perdu son container dans la démolition, se disent ignorants des nouvelles dispositions. "On ne nous a rien dit, peut-être que ce sont nos responsables qui en savent plus", a-t-il déclaré.

Une opération controversée

Cette situation met en lumière un manque de communication entre les autorités municipales et les commerçants. Bien que le déguerpissement des marchés informels vise à améliorer l'urbanisme et l’accessibilité des établissements scolaires, les commerçants de Yopougon se retrouvent dans une situation précaire, sans solution claire ni soutien de la part des autorités locales.

Une relocalisation à repenser

La démolition du marché Siporex 7 soulève des questions sur la gestion de la relocalisation des commerçants affectés par cette décision. Si certains ont trouvé une solution dans leur transfert au marché "au mouton", d’autres restent dans l’incertitude. Il est crucial que les autorités communales mettent en place une stratégie de communication plus efficace et un accompagnement pour éviter des situations de crise similaires à l'avenir.

La mairie de Yopougon et les autorités locales se trouvent ainsi à un carrefour, devant concilier le développement urbain, la sécurité publique et la préservation des sources de revenus des commerçants qui dépendent de ces marchés pour leur survie.

Landry Beyhima