La marche du 2 août interdite / Quand la sécurité devient un prétexte pour museler l’opposition

Le gouvernement ivoirien a annoncé l’interdiction de la marche pacifique projetée par l’opposition pour le 2 août prochain à Abidjan. Officiellement, cette décision repose sur plusieurs motifs : l’itinéraire de la manifestation, qui devait passer par le boulevard Félix Houphouët-Boigny, est jugé trop sensible en raison de son rôle structurant dans la circulation ; la proximité du lieu d’arrivée, la Place de la République, avec le Palais présidentiel pose, selon le préfet d’Abidjan, un risque sécuritaire. À cela s’ajoute l’argument selon lequel une grande partie des forces de l’ordre serait mobilisée à Bouaké pour préparer les festivités du 7 août, rendant impossible un encadrement adéquat à Abidjan.
Pourtant, dans la même déclaration publique, le porte-parole du gouvernement affirme que si l’opposition décide malgré tout de maintenir sa marche, l’État se donnera les moyens de rétablir l’ordre. Cette position soulève une question de fond : comment peut-on à la fois prétendre que les forces de sécurité sont insuffisantes pour encadrer une manifestation, tout en affirmant que ces mêmes forces seront disponibles et mobilisées en cas de trouble ?
Il y a là une contradiction manifeste qui pousse à s’interroger sur la véritable motivation de cette interdiction. S’agit-il d’un problème logistique réel ou d’un prétexte pour réduire au silence une opposition politique jugée trop dérangeante dans le contexte actuel ? Ce flou dans la communication officielle alimente une lecture politique de la décision, où l’argument sécuritaire semble instrumentalisé pour restreindre l’exercice d’une liberté fondamentale.
Le droit de manifester est un principe constitutionnel, reconnu par les textes de la République. Dans un État démocratique, ce droit ne saurait être suspendu pour des motifs qui varient selon les intérêts du moment. Ce n’est pas la sécurité qui paraît ici prioritaire, mais le contrôle de l’espace politique.
L’État ivoirien gagnerait en crédibilité à assumer clairement ses choix et à cesser de camoufler des décisions politiques sous des justifications techniques. À l’approche d’échéances électorales importantes, il est impératif que le pouvoir en place favorise un climat de confiance, d’ouverture et de respect strict des libertés. Une démocratie qui redoute ses citoyens dans la rue est une démocratie qui doute d’elle-même.
Delph Bah, Analyste politique & Éveilleur des consciences
Titre de Inforelayeur
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